En janvier 1997, j'avais écrit dans une revue professionnelle un petit article pour un sujet reprenant différents Carnavals dans la monde et baptisé "The excitement of carnival" que nous avions traduit à l'époque par "Chaud-Froid de Carnaval".
En ce qui me concerne, je n'avais été très inventif avec le titre de mon article puisque je l'avais nommé tout simplement "When carnival comes at Dunkirk ..." ou "A Dunkerque quand vient le Carnaval ..."
Voici le texte écrit en janvier 1997 et qui avait été retenu pour ce sujet dans cette revue professionnelle :
"Au début du XVIII ème siècle, à l'occasion du départ des marins pour la pêche en Islande, l'armateur offrait la "Foye", une fête pour les pêcheurs qui se déroulaient à cette époque dans une auberge."
"Puis petit à petit, les hommes de mer et leur famille se déguisèrent et envahirent les rues. Même si le carnaval et le départ des pêcheurs n'ont pas toujours correspondu sur le calendrier, les deux traditions se sont entremêlées. C'est la naissance de la "Fisscherbende", la bande des pêcheurs."
"Aujourd'hui, la passion continue et participer au carnaval constitue une fierté pour les dunkerquois. Ce sont des dizaines de milliers de personnes qui assistent à la fête et participent à la folie qui s'empare de la ville. Les bandes qui se déroulent entre la mi-janvier et la mi-mars, en général le dimanche après-midi, constituent un immense défilé dans lesquels les carnavaleux, disposés en lignes successives chantent des airs traditionnels. Lorsque la musique (fifres, tambours, cuivres, ...) dirigée par un tambour major en costume de soldat de l'empire, reprend les chansons les plus entraînantes, les carnavaleux forment des chahuts."

photo extraite d'un diaporama sans nom d'auteur, sans légende
"Les premières lignes de bloquent tandis que les suivantes continuent d'avancer. On assiste alors à des mouvements de foule impressionnants ... Lors des bals, ce principe est repris à l'intérieur d'une salle immense."
"La "Nuit de l'Escadre" organisée par les Corsaires Dunkerquois est un des plus beaux bals : 5000 personnes y oublient leurs soucis. Le rigodon prend place à la fin de la bande, c'est le moment le plus dur, puisque pendant plus d'une heure les chahuts se succèdent sans interruption !"
Certains anciens de Dunkerque qui ont vécu ces moments inoubliables vous diront que le carnaval, ça ne se raconte pas, ça se vit ..."



Nous sommes en 2012 et 15 années se sont écoulées depuis mon article. Que dire de ce que j'ai vu ce dimanche 19 février 2012 ?
J'ai eu beaucoup de mal à localiser la bande, c'est le premier point. Il est vrai que j'aurai eu vraiment du mal à répondre à : " Est-ce que t'as pas vu la bande ?"
Pas certain du tout d'ailleurs qu'elle était chez Stanche.

Je me souviens de ces bandes où nous étions de chaque côté de la chaussée pour regarder, pour vivre les mêmes émotions que ces carnavaleux très disciplinés et tous derrière la musique.
Il y avait de la joie partagée entre carnavaleux et spectateurs.

Ah ! la musique ... enfin, je vais voir la bande.

Finalement, c'était une joyeuse bande de copains réunis autour de leurs potes musiciens qui animaient une partie de la chaussée. Mais "Est-ce que t'as pas vu la bande, est-ce que t'as pas vu la bande ..."

La musique très festive du carnaval m'a fait oublié mes recherches et pendant quelques instants, j'ai vibré au son des airs traditionnels du carnaval.

D'élégantes "dames" ... mais qui peut se cacher derrière ces maquillages ? C'est là aussi un des bons côtés du carnaval. On peut devenir curé, Coluche (je l'ai vu ... superbe), ... mêmes des paquets de frites ambulantes. :-)

Et toujours pas de bande, sauf des milliers de personnes qui vont dans un sens et d'autres qui cherchent, on ne sait quoi !

On aperçoit sur le côté gauche des musiciens, mais ... ce n'est pas la bande. Est-ce que t'as pas vu la bande ...

Des milliers de personnes qui se croisent, papotent, mettent le cap sur la Place Charles Valentin ... et toujours pas de bande.

Beaucoup de monde mais très éparpillé. On pouvait lire dans la Voix du Nord du 20 février, ceci : "Les Dunkerquois les plus "acharnés" du carnaval l'ont sans doute ressenti : la bande semblait par endroits un peu moins fournie que les autres années, ..."

Ils sont là les dunkerquois, mais la bande ???

Alors on s'essoufle à sonner le rappel ...

mais toujours pas de bande.
Ou alors ... on fait bande à part ! Et ce n'est pas très bien, la bande c'est la bande ... on suit la musique, on répond à ses attentes, à ses invitations, on se lâche.
On essaye de faire avancer les premières lignes qui font le maximum pour retenir la marée humaine, le tout dans la chaleur carnavalesque.


Il arrive parfois que des carnavaleux viennent se poser devant l'objectif et ils sont heureux comme l'est ce couple. Qui sont-ils ? Cela n'a pas d'importance, le principal est sur leur visage. Ils vivent le carnaval,

tout comme ces quatre jeunes hommes qui m'avaient demandé pour qui je travaillais, sur quel site ils allaient pourvoir se voir (et récupérer leur photo ... s'ils se reconnaissent, je me ferais un plaisir de leur envoyer histoire de montrer que les extérieurs au carnaval ont du coeur également), ...
Comme je n'étais pas sûr d'écrire, je n'avais pas pris d'engagement.

Ceux-là ont trouvé la bande, ils suivent à bonne distance

les plus acharnés qui font ici un chahut et qui nous réchauffent enfin le coeur car la bande, c'est eux, juste derrière les musiciens emmenaient par le tambour major accompagné de sa cantinière. Le petit bémol (normal, ici on est au sein de la musique) c'est que devant lui et presque collés à son uniforme, d'autres carnavaleux sont là en masse.
La bande se dirige vers la place Charles Valentin d'où seront jetés les harengs.

Mais partout, des bandes de carnavaleux profitent des rayons du soleil tout en se désaltérant. Ici c'est sobre et même très sobre.

Il est presque 17h, les balcons surplombants la place sont surchargés. Même la télé squatte l'un d'eux (celui du milieu :-) )
Il faut dire que pour faire de très belles images mieux vaut être bien placé :-)

En bas, la place est noire de monde. Et à 17h, il pleut des poissons ...
Des collègues de la région marseillaise sont arrivés juste à temps pour voir ce jet d'harengs.


Il est pratiquement 17h15 lorsque les musiciens se retirent de la place Charles Valentin.


On essaye de sauver sa peau ... de tambour en la protégeant.

Un par un, les musiciens s'éloignent de la place pour réjoindre la place du Minck et se reposer un peu. Car ce n'est pas fini ... il faudra repartir pour rejoindre le lieu du rigodon final.


Le tambour majour Pascal Boonne - Cô Boont'che - et Aurélie sa cantinière,

laissant derrière eux les carnavaleux chantaient, dansaient tout en essayant de choper les harengs venus du ciel (oups, venu du balcon de l'hôtel de ville) ou les quelques homards en plastique.

Terminons ce petit article avec cette photo que j'aime beaucoup car c'est toute l'attitude du carnaval tant dans les yeux que dans le geste.

Mais comme on dit ici : "Le carnaval, cela ne se raconte pas, cela se vit". Je suis entièrement d'accord avec cela sauf que j'ai cherché la bande ... même chez Stanche.
Un jour, le carnaval retrouvera ses marques - du moins je l'espère car c'est quelque chose de fabuleux - peut être lorsqu'on prendra conscience que le carnaval c'est une tradition et non pas un business.
Déjà des voix s'élèvent un peu partout pour dire stop aux surenchères de bals, d'associations, ...



Jean Bart, salut, salut à ta mémoire
De tes exploits, tu remplis l'univers ;
Ton seul aspect commandait la victoire,
Et sans rival tu régnas sur les mers.
Jusqu'au tombeau France Mère adorée,
Jaloux et fiers d'imiter sa valeur,
Nous défendrons ta bannière sacrée,
Sur l'océan qui fut son champ d'honneur. (bis)

Jean Bart, Jean Bart, la voix de la patrie
Redit ta gloire et ton nom immortel
Et la cité qui te donna la vie
Erigera ta statue en autel (bis)

Enfant du peuple, il conquit sa noblesse
Par son épée… ô glorieux destin.
Et cette épée, aux jours de la détresse,
Sauva la France, en lui donnant du pain.
Un feu sublime, embrasait son courage ;
La hache au poing, affrontant le trépas,
Il s'élançait, terrible à l'abordage,
Tel un lion au milieu des combats. (bis)

Découvrons-nous, sculpté par le génie
Jean Bart revit dans ce bronze éloquent.
Et toi qui fus l'idole de sa vie,
Son glaive encore, ô France ! te défend
Si l'ennemi qui pâlit à sa vue,
Dans son délire osait nous outrager,
Du piédestal, qui porte sa statue
Il descendrait armé pour nous venger. (bis)
(source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Cantate_%C3%A0_Jean_Bart)